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L’Avenue du Mont-Royal
Nouvelles

Portrait de nos Savoir-Faire : Le tailleur

29 septembre 2022

Nous avons de précieux Savoir-Faire représentés sur l’Avenue du Mont-Royal et nous allons vous les présenter à travers une nouvelle série d’articles. Nous sommes allés à la rencontre de nos artisans : un cordonnier, un encadreur, un coiffeur, un tailleur et un couple de joailliers, tous talentueux et passionnés par leur métier.

Aujourd’hui nous allons vous présenter le métier de tailleur avec Mr Mayeu, propriétaire de la boutique Gerard Mayeu et Fils, située au 333 ave Mont-Royal Est. Mr Mayeu a pris la relève de son père, Gérard Mayeu, qui avait ouvert la boutique en 1946 sur l’Avenue du Mont-Royal.

Mr Mayeu s’est formé en Art Vestimentaire, durant trois ans, au Collège Marie-Victorin et il a ensuite continué à se perfectionner. Il a commencé à travailler à la boutique en 1976 à temps partiel, puis à temps plein en 1979. Pendant une dizaine d’années, il a appris le métier, fait des erreurs et beaucoup appris. L’expérience vient en pratiquant. Il a repris la boutique après le décès de la personne en charge du magasin à l’époque et il a travaillé fort pour être capable de racheter les parts de son père. En 1991, et il est devenu propriétaire du commerce.

Au départ Mr Mayeu souhaitait étudier en administration, mais il ne projetait pas de passer sa vie dans un bureau avec toujours les mêmes collègues. Il aime le contact avec sa clientèle, rencontrer chaque jour des personnes différentes. Travailler dans un commerce était un très bon compromis. Aussi il faut aussi être très polyvalent en tant que commerçant, chaque jour les tâches changent, c’est ce que Mr Mayeu aime. Ça change tout le temps, ‘’il n’y a jamais un monsieur pareil’’.

Durant les années 90, il a vécu de très bons moments, car c’était une période où il a reçu beaucoup de personnes originaires du Zaïre : ces clients aimaient la Sape. L’Art de se saper, ou bien la pratique de la sapologie, c’est un mouvement culturel originaire du pays voisin, le Congo, où on parle d’ailleurs de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes. Certains clients, simplement étudiants, se faisaient faire six habits en un mois, ce qui représente un gros investissement !

Les tendances des tissus évoluent et en ce moment on revient beaucoup sur les années 70 avec les bruns, les couleurs de terre. Il y a eu beaucoup de bleus aussi ces dernières années. La forme des lapels (en français les revers de veste) change aussi avec les années. La forme du costume dans les dix dernières années n’a pas beaucoup évolué. Les costumes se portaient très serré et les gens cherchent maintenant à être dans des vêtements plus confortables et mous, ils n’aiment plus être dans des vêtements serrés. La pandémie a fait évoluer les tendances et on va vers des modes de costumes plus amples.

Pour Mr Mayeu, être tailleur c’est une passion, il faut aimer ça parce qu’au début c’est vraiment difficile, il y a beaucoup à apprendre. Son métier, il l’adore ! Pour trouver sa clientèle, Mr Mayeu a besoin d’être central et aime avoir sa boutique dans une grande ville comme Montréal. Il a des clients qui viennent de la rive sud, de la rive nord, de l’est, mais aussi des gens de New-York et de Toronto qui sont de passage pour faire un habit. Il expédie aussi parfois des commandes à Vancouver. C’est donc vraiment positif pour lui d’être sur une avenue touristique comme l’Avenue du Mont-Royal, mais il garde quand même en tête l’accessibilité de sa boutique pour ses clients les plus âgés qui viennent prendre des mesures pour leurs habits.

Costumes, pantalons, le tailleur réalise tous ses patrons. Il confectionne ce que la personne souhaite, il travaille sans aucun problème à partir de photos. Il travaille pour le théâtre, pour le cinéma, il a notamment réalisé des costumes d’époque pour la série Les Pays d’en haut, de François Rozon et Sophie Deschênes, qui compte 6 saisons et qui met en scène le Québec rural de la fin du 19e siècle. Il a réalisé aussi des costumes pour des magiciens, avec des poches spéciales. Il ne connait pas leurs secrets et réalise simplement leurs demandes.

''le nom du client est toujours à l’intérieur, c’est comme la création de sa deuxième peau.''

Pour les costumes d’époque, il y a un grand travail de recherche de tissu à faire en amont. On ne peut pas reprendre des tissus anciens, car ils sont trop épais. Il utilise des livres de photos pour s’inspirer et chercher des tissus récents qui sont proches de l’ancien. Aussi les costumes à l’époque n’étaient pas toujours bien droits, bien coupés, mais c’est aussi ce qui fait leurs charmes, les gens se débrouillaient avec leurs moyens et leurs connaissances.

La mode de la cravate disparait. Et ce ne sont pas les nœuds papillon qui ont la place sous les projecteurs. En ce moment et depuis 3-4 ans, on ne porte rien au cou. On porte simplement une belle chemise, un beau costume, les cravates et les nœuds papillon sont pour les mariages seulement. Plusieurs hommes viennent aussi faire leurs costumes de mariage. Mr Mayeu habille également des hommes politiques.

Coupe devancée, coupe croisée, couple simple ou bien cran de revers pointu pour le collet, les coupes et différents ajustements possibles n’ont pas de secrets pour Mr Mayeu. Demandez-lui ce que vous souhaitez : une double poche avec des rabats supplémentaires, un ticket pocket (une poche de montre en français), choisissez le nombre de poches à l’intérieur de la veste. Lorsque Mr Mayeu crée un costume, le nom du client est toujours à l’intérieur, c’est comme la création de sa deuxième peau.

La plupart du temps les costumes sont 100% en laine. Les doublures à l’intérieur peuvent être de différentes compositions. Mr Mayeu travaille également avec le lin et le coton. Un costume 100% laine n’est pas forcément plus chaud en été, c’est rêche, ça pique, mais c’est aussi la fibre la plus facile à nettoyer, car elle n’attire pas les graisses.

Son inspiration c’est celle du client et sa créativité intervient si le client souhaite changer une couleur, il utilise ses connaissances pointues. Il crée des maquettes et s’ajuste à la demande, la créativité se nourrit aussi par le choix du tissu. Les outils les plus précieux ce sont ses craies, mais surtout ses ciseaux. Ils ne les prêtent pas, et il les aiguise lui-même avec la machine dans son atelier.

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